Il y a deux ans, j’ai suivi une formation sur l’éducation positive, une des meilleures décisions de ma vie de maman.
J’ai pris conscience des limites de l’éducation dite traditionnelle que j’ai moi-même reçu, et des conséquences néfastes que peuvent avoir certains de ses aspects sur le développement des enfants.
Dans l’éducation traditionnelle, on sanctionne le mauvais comportement d’un enfant par une punition. L’adulte est libre de choisir le motif nécessitant une punition, et quelle sera la nature de la sanction.
A l’époque ou j’étais sur les bancs de l’école, on était puni par les maitre.sses pour du bavardage, la tricherie, l’insolence, ou l’inaptitude à ne pas comprendre une leçon. A la maison c’était pareil, l’adulte jugeait quelle sanction appliquée à une bêtise commise, qui pouvait aller du verre cassé au fait de ne pas avoir bien surveiller ses cadets. Personne ne remettait en question la nature des punitions, ni la nature de la faute.
On y regardant de plus près, un élément a retenu mon attention: les effets à long terme. Constater avec un peu de bon sens, que les dégâts causés ces pratiques parfois extrêmes avaient des conséquences parfois dévastatrices, m’a conforté dans l’idée qu’une éducation bienveillante et positive est le meilleur cadeau que je puisse offrir à mes enfants.
Toute punition revêt de la méchanceté ; toute punition en soi participe au mal.
Jeremy Bentham
Punir un enfant: pourquoi ça ne fonctionne pas
Nombreux sont convaincus que lorsqu’un enfant fait des bêtises il doit être puni afin qu’il comprenne la différence entre le bien et le mal, et qu’il ne s’y reprenne plus. Ce qu’on oublie, c’est la différence qu’il y a entre un enfant et nous.
Le mot clé est la maturité.
Les enfants ne sont pas matures. D’ailleurs un bon nombre d’adultes ne le sont pas. Comment peut-on attendre d’un enfant qu’il soit à la fois conscient de son petit être, de ses actes ainsi que de son environnement? Ce n’est pas encore possible pour lui.
Pour un enfant, son environnement est un terrain de jeu, dans lequel il s’exprime. C’est aux adultes de placer des limites dans cet environnement, en indiquant ce qu’il a le droit de faire ou de ne pas faire. Il en faut pour le préparer à partager l’espace avec les autres êtres humains.
Néanmoins, après avoir défini les règles qui sont importantes pour nous, elles ne revêtent pas la même importance pour un enfant dont le cerveau est encore immature.
Par exemple un enfant qui dessine sur les murs, pour nous c’est une bêtise. Seulement si nous lui avons au préalable défini un espace pour exprimer sa créativité, peut être qu’il ne le ferai pas sur ce mur. Et même s’il le faisait quand même, il vaut mieux partir du postulat qu’il n’a aucune intention de nous causer du tort.
Pourtant nombreux sont les parents qui ont piqué des colères ou punit les enfants parce que leurs actes étaient jugés comme étant des bêtises sans que l’enfant n’est au préalable pris connaissance de la règle.
Un enfant veut en général jouer et appréhender son environnement, c’est sa réalité. Le reste, c’est à nous les adultes de leur faire connaitre les limites et de les protéger.
La chicote brise les os, mais pas les défauts.
Auteur inconnu
La punition corporelle!
La chicote
Dans ma famille, mes frères et soeurs appelions la chicote le « djombélé ». Dans beaucoup de familles noires, il y avait un équivalent de la chicote, et elle portait généralement un nom (c’était une institution!). Elle correspond souvent à une ficelle en caoutchouc, mais elle peut aussi correspondre à une ceinture, un bout de bois…
Beaucoup de parents pensent à tort que les enfants ont besoin de la chicote pour comprendre. Eux même ont malheureusement été éduqués de cette façon, ils n’ont pas connu de modèle différent.
Il est important de rappeler que la chicote était employée sur les esclaves ou dans le cadre des travaux forcés lors de la colonisation. D’ailleurs l’origine du mot chicote proviendrait d’un dénommé Chicot capitaine au Congo pendant la colonisation. Il aurait employé cette méthode de mise au travail forcé et de punition des Congolais. Ce traitement nous a fait du mal, les stigmates de ces atrocités sont encore visibles de nos jours. Pour ceux qui ont connu la chicote, ou qui l’utilisent encore sur leurs enfants, méditez!
Aucun enfant n’a besoin de la chicote ni d’aucun châtiment corporel pour comprendre quoique ce soit. Ce dont un enfant a besoin, c’est de l’explication adaptée à son niveau de compréhension.
Les punitions originales, qui frôle la torture!
J’ai vu et entendu des histoires, où des parents faisaient preuve d’une imagination diabolique pour punir leurs enfants:
- Exposer un enfant au soleil pendant des heures en position à genou ou tête en bas les pieds en l’air.
- Enduire un enfant d’huile piquante, en général sur les yeux.
- Fouetter les gamins avec des instruments en caoutchouc en s’assurant qu’ils aient des marques bien visibles, signes de douleur et donc de compréhension..: et j’en passe.
Il y en a qui frappent les enfants pour des raisons complètement incongrues: une leçon mal comprise, ou une instruction mal exécutée, ou un manque de respect, c’est un classique celui-là!(en plus d’être un vrai four-tout).
Un autre classique qui revient souvent, « cet enfant a dépassé les bornes ». Pourtant les bornes n’ont jamais fait l’objet d’une délimitation précise.
Combien de post Facebook ( merci les réseaux sociaux) a-t-on vu circuler avec des visages d’enfants tuméfiés, des membres cassés… par des parents, des marâtres? c’est inhumain, et il faut que çà cesse. C’est de la cruauté, ce n’est pas de la correction.
Il faut être complètement instable pour dormir tranquille après avoir infligé ce type de traitement à une personne.
S’attendre à ce que des enfants tirent une bonne leçon de la punition, l’humiliation, ou la violence… pour moi c’est cela la bêtise.
Si l’on doit condamner les violences entre deux adultes, comment peut-on tolérer toute forme de violence qu’un adulte infligerait à un enfant sous couvert de son éducation? Une société/culture qui le fait, est une société malade. Des gens qui le font et/ou le tolèrent sont tous coupables.
L’enfant a des droits, et nous, adultes devons les protéger. Ils ne sont pas des pions, des souffres douleurs, ou des boucs émissaires. Réglons nos problèmes émotionnels et psychologiques avant de faire des enfants.
Maleureusement les enfants victimes de punitions intempestives, de violences physiques ou autre forme de sévices, répètent les mêmes schémas une fois adultes avec leurs enfants, sinon pensent que c’est une pratique normal.
« Les punitions sont toujours une erreur. Elles sont humiliantes pour tous, et n’aboutissent jamais au but recherché ».
Célestin Freinet
Les conséquences négatives de la punition
Il faut reconnaitre qu’avoir recours à la force est plus facile. On obtient un résultat immédiat. A contrario, l’éducation consciente demande plus d’investissement en temps et en énergie.
Cas pratique
« Imaginez que vous faites une erreur sur un dossier au travail, alors que vous étiez plein de bonne volonté . Votre N+1 vous humilie en vous crachant vos erreurs au visage devant l’ensemble de vos collègues, avec en prime un retrait de quelques euros sur votre salaire pour que vous comprenez bien que cette bêtise n’est plus à faire. »
Comment réagiriez vous? Quel sentiment cela va t-il susciter chez vous?
Moi je sais que je ne serai pas seulement en colère, je serai pleine de rancoeur avec un sentiment profond d’injustice. Eh bien c’est pareil pour les enfants, je dirai même pire. Car eux ne peuvent pas relativiser, ils n’ont pas la pleine de conscience de soi.
On peut résumer les effets négatifs de la punition en ce que les experts appelle les 4 R de la punition. A savoir la rancœur, la rébellion, la revanche, le retrait. Voilà ce que l’on sème chez nos enfants en les punissant. ça pousse à réfléchir n’est ce pas? C’est mon but.
Quelle est notre intention en punissant ou en frappant nos enfants? qu’ils obéissent dans l’immédiat, qu’il obtempèrent. On utilise la peur, notre force, notre position d’adulte dominant pour les soumettre sur le coup. Mais à long terme, dès qu’ils seront libérés de notre domination physique que ce passera t-il?

Eduquer son enfant dans la bienveillance et la fermeté, c’est possible.
Un système éducatif positif et bienveillant, permet de favoriser l’expression de la personnalité d’un enfant ainsi que son développement. C’est montrer à son enfant qu’on le respecte tout en lui apprenant à respecter les autres. De vraies valeurs sont ainsi transmises. Valeurs sur lesquelles il s’appuiera dans tous les domaines de sa vie.
La responsabilité individuelle, la coopération, le respect, la confiance en soi, et la discipline sont les valeurs que je veux transmettre à mes enfants. Car mon intention est d’éduquer des personnes qui deviendront des adultes équilibrés, en bonne santé émotionnelle et mentale.
Je veux que mes enfants soient des adultes qui auront compris mes colères, mon impatience, ma lassitude, et les intentions derrière mes actions pas qui les auront subies.
Qu’ils comprennent la différence entre le bien et le mal et qu’ils sachent le réparer. des personnes qui sauront capables de s’autoreguler, de s’autodiscipliner et de s’améliorer. En choisissant l’éducation positive c’est ce que je vise.
Chercher des alternatives à la punition
Je suis convaincue que la punition n’est pas indispensable pour emmener un enfant à comprendre « ses bêtises », et le dissuader de recommencer. Il y’a d’autres moyens plus bienveillants et surtout plus efficaces qui fonctionnent sur le long terme. Je vous promet d’en parler dans un billet dédié à cette thématique.
J’ai testé, je vous assure ça marche. Depuis 5 ans que je suis maman, je n’ai jamais eu recours à la punition.
Ce n’est pas facile d’éduquer des enfants je vous l’accorde, et il ya des situations qui nous échappe, nous ne sommes pas parfait et parfois la bonne volonté ne suffit pas.
Mais j’invite chacun à choisir des options moins traumatisantes et surtout à réfléchir sur les options que nous choisissons peu importe lesquels.
Je ne veux pas ici porter de jugement, ni nier que la punition peut s’avérer utile, mais encore une fois il faut y donner du sens.
Prenez soin de vous, et de vos touts petits.
With love, always!
Merci pour la réflexion.
Cest encore très pertinent.
Merci de nous faire réfléchir.
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C’est le but! merci de prendre le temps de lire
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Mille mercis pour ce texte, cette expérience. J’ai toujours cru que l’usage de la chicote exagéré ou même modéré n’est pas une bonne solution comme le pensent certaines personne à surtout en Afrique qui e ont fait une tradition. Merci également pour l’origine du mot « chicote » …cas de la colonisation.
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